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René COZIEN est né le 11 décembre 1926 à
Lennon, au centre de la Bretagne, dans
le Finistère, de parents agriculteurs.
Il est le benjamin d’une fratrie de 6
enfants (3 garçons et 3 filles). Il fut
baptisé à Lennon le lendemain de sa
naissance, le 12 décembre, et confirmé
en l’église de Pleyben le 7 juin 1938.
Il fit ses études secondaires au petit
séminaire de Pont-Croix, puis à Lannion,
et enfin à Beaupreau dans ce qui était
alors le petit séminaire des Missions
Etrangères où il passa 4 ans, de 1941 à
1945. Cela veut dire qu’il a songé très
tôt à être prêtre et à entrer aux
Missions Etrangères. Ensuite il entra au
Grand Séminaire des Missions Etrangères
à Paris le 28 septembre 1945. Et c’est
le 23 décembre 1950 qu’il fut ordonné
prêtre au séminaire des Missions
Etrangères à Paris à l’âge de 24 ans.
Le 7 février 1951 il reçoit sa
destination pour la mission de Thakhek
au Laos et s’embarque pour ce pays le 13
avril 1951. Arrivé au Laos, il s’attèle
à l’étude du laotien dans un village
éloigné, à Paksong, puis à Natakhet,
dans le centre du Pays. Après environ un
an d’étude de langue, l’évêque de
Thakhek l’appelle auprès de lui comme
secrétaire, de 1952 à 1953. Puis il sera
économe de la mission de 1953 à 1954.
Mais le 15 février 1954, avec 4 autres
missionnaires, dont son évêque, il tombe
dans une embuscade tendue par le
Vietminh dans le sud du Laos. N’oublions
pas que nous sommes à la période de la
guerre d’Indochine et de Diên-Biên-Phu.
Il passera 8 mois en captivité au Laos
et au Nord-Vietnam, effectuant une
marche forcée de 1 400 kms. Il ne sera
libéré que le 15 octobre 1954.
Ce fut évidemment pour lui et ceux qui
l’accompagnaient une très grande épreuve
qu’il racontera plus tard dans un livret
publié en 1984 « 8 mois de captivité du
Laos au Nord-Vietnam » et qu’il
rééditera à la veille de son jubilé
sacerdotal célébré à Pleyben le dimanche
27 août 2000. C’est au moment où il
possédait la langue laotienne, qu’il
allait pouvoir donner toute sa mesure,
qu’à 28 ans il fut en quelque sorte
fauché par cette cruelle marche forcée,
réalisée en bonne partie de nuit, à
travers les forêts du Laos et du
Nord-Vietnam. Il souffrit de la faim et
surtout de la soif. Le Père Malo, son
compagnon d’épreuve, beaucoup plus âgé
que lui, y laissera sa vie. Mais cela
n’a nullement empêché le Père Cozien
d’aimer le peuple laotien. Cet épisode
de détention a marqué profondément toute
la vie du Père Cozien, car sa santé en
fut durablement altérée.
A sa libération, courageux, il resta au
Laos et fut vicaire à Xiengvang jusqu’en
1955, puis curé à Dondone et Kokhaï
jusqu’en 1956, un poste qu’il fonda.
Ensuite, de 1956 à 1964, il fut
professeur au petit séminaire de Paksane
où il enseigna le français, le latin,
l’histoire-géographie, le calcul et la
religion. Et comme il connaissait bien
le laotien, il effectua aussi de
nombreuses traductions.
En 1959, il revint en congé en France où
il passa un an en famille pour se
refaire une santé. Il repartit pour le
Laos en avril 1960. Mais à partir de
décembre 1963, sa santé se détériore à
nouveau. Au printemps 1964 il est
d’abord envoyé à Hong-Kong pour se
reposer. Mais on découvre que son état
de santé est beaucoup plus grave qu’on
ne l’avait pensé : il souffre en fait
d’une triple hernie discale due à une
décalcification générale. Il subit deux
opérations à Hong Kong ; puis est
rapatrié en France le 12 octobre 1964 où
il subit une troisième opération. Il
restera désormais en France. De 1965 à
1974, nous le trouvons au service de
l’information missionnaire à Paris ;
puis il sera affecté au service du
Secrétariat général et ensuite, pendant
11 ans, il sera Procureur adjoint des
Missions Etrangères. A Paris il était un
peu en exil, mais il s’est donné avec
beaucoup de cœur à ses nouvelles
fonctions au service des confrères des
Missions Etrangères.
En 1994, René Cozien a voulu revoir
l’Asie. C’est ainsi qu’en mars-avril il
entreprit un long voyage à Taïwan et en
Thaïlande pour rencontrer les confrères
MEP. Il aurait aussi voulu retourner au
Laos, mais les prêtres laotiens lui
conseillèrent de ne pas venir, afin de
ne pas mettre en péril leur Eglise, si
petite et si fragile, et simplement
tolérée par les autorités. Il comprit
bien, mais il en souffrit. Alors il
parcourut sur une longue distance les
bords du Mékong du côté thaïlandais. Il
put ainsi apercevoir de loin son cher
Laos, et même les bâtiments de son
ancienne mission à Paksane. Il eut
cependant la grande joie de rencontrer
des prêtres laotiens qui traversèrent le
Mékong tout spécialement pour venir le
rencontrer. Heureusement, il aura enfin
la joie de revoir son Laos chéri peu de
temps avant son jubilé sacerdotal.
Le Père René Cozien était un homme
souriant, jovial et toujours en
mouvement, dont la bonne humeur était
communicative.
C’est en 2001 qu’il se retire dans sa
région natale à Pleyben, puis en 2014 à
la Maison de Saint-Jacques. il a rejoint
le Père dans la nuit du 25 au 26
Novembre 2017, vers minuit, à l’hôpital
de Morlaix, dans sa 91ème année.
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